Cet article est, en fait, un travail sur les métaphores encastrées que j’ai présenté dans le cadre du cours d’hypnose ericksonienne que j’ai suivi l’année dernière. S’il parait un peu long, c’est qu’il devrait faire partie d’une rencontre en hypnose. Alors, je vous conseille de le lire lentement… En prenant votre temps et en laissant les images se propager à travers votre esprit.
Il y a quelques semaines, j’ai essuyé plusieurs rejets en ligne. Je me suis sentie soufflée. Au point où j’ai remis en cause la légitimité de mon projet. Est-ce que je devais continuer ou tout simplement arrêter là? Pourtant, j’ai confiance en mes capacités et j’ai confiance en mon projet. Je sais qu’il sera bénéfique pour plusieurs personnes s’il voit le jour quand il verra le jour. Malgré cela, je me sentais assez ébranlée pour songer à renoncer. J’avais besoin qu’on me raconte des histoires de persévérance pour me donner le courage de continuer. Alors je me suis mise à songer…
La première histoire de persévérance qui m’est venue à l’esprit est l’histoire de Thomas Edison, l’inventeur de l’ampoule électrique. Il a dû faire autour de mille prototypes avant qu’une ampoule fonctionne. À ceux qui lui demandaient : « Ça ne vous a pas découragé d’échouer autant de fois? » Il répondait : « Je n’ai pas échoué! Chaque fois, j’apprenais. Chaque prototype m’enseignait comment ne PAS faire d’ampoule électrique. »
Ça m’a rappelé une petite prière que j’ai lue, il y a belle lurette, à la fin d’un Sélection du Readers’ Digest, et que j’utilise encore régulièrement, comme une sorte de mantra : « S’il vous plait, donnez-moi la persistance et la ténacité d’une mauvaise herbe! »
Et il en faut, de la persistance et de la ténacité, pour réussir comme artiste ou pour se lancer en affaires! J’ai donc commencé une liste (non exhaustive) d’artistes, auteurs, acteurs célèbres qui ont essuyé plusieurs rejets avant de connaitre le succès :
- J. K. Rowling— Son projet de livre pour Harry Potter a été rejeté 12 fois avant d’être finalement accepté par un éditeur.
- Margaret Mitchell — Gone with the Wind a été rejeté 38 fois!
- Carrie de Stephen King a été rejeté 30 fois!
- Alan Rickman (l’acteur qui a joué professeur Snape) a eu son « big break » dans le film Die Hard à l’âge de 42 ans, après qu’un producteur l’ait vu jouer au théâtre.
- Samuel L. Jackson, lui, a eu son rôle dans Pulp Fiction à 46 ans (tous ses rôles jusque là étaient mineurs).
- Il y en a plein d’autres acteurs qu’on a connus sur le tard : Harrison Ford, Jon Hamm, Betty White…
Du côté du cinéma, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain a eu des débuts terriblement difficiles : dès le départ, le film a commencé par accumuler les pépins ! Le rôle d’Amélie avait été écrit avec l’actrice britannique Emily Watson en tête, mais elle s’est retirée du projet. Il a ensuite été proposé à Vanessa Paradis qui a refusé. D’autres acteurs ont aussi refusé d’y participer. Michael Nyman, le compositeur de la musique du film The Piano a dû être remplacé par Yann Tiersen. Claude Berri a refusé de réaliser le film parce qu’il n’aimait pas le scénario et Pathé a refusé de le produire parce qu’on jugeait le film invendable… Pourtant, le film eut un énorme succès aux États-Unis et internationalement.
Ce que je retiens de ceci, c’est qu’il ne faut pas avoir peur d’irriter les gens en persistant malgré les refus. Parce qu’un petit grain de sable dans une huître, c’est un irritant pour l’huître, mais le résultat… c’est une perle. La perle ne serait jamais apparue si l’huître avait eu une existence duveteuse!
Je me rends compte que les gens qui sont persistants ont aussi une qualité qui va de pair avec la persévérance : la patience. Ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas hâte que ça débloque. Ça ne veut pas dire qu’ils sont incapables de Carpe Diem… Mais ils savent que tout vient à point à qui sait attendre… le bon timing… Dans le fond, c’est quoi un diamant?… C’est du charbon qui sait attendre…
Toutes ces métaphores peuvent donner le courage de persister malgré les aléas de la vie. Ça relativise où on est rendu sur notre chemin. Cela dit, je ne crois pas que la persévérance doive se faire à coup de travail acharné. Marcel Sabourin, dans ses cours de Rien pantoute à l’École Nationale nous disait : « Je suis beaucoup trop paresseux pour travailler de façon inefficace! » et un de mes professeurs de PNL en Australie nous disait : « You have to work SMART, not HARD ». Pour ce faire, il est utile de combiner la persévérance avec le chemin de la moindre résistance.
C’est comme faire du rafting… Pour les non-initiés, le rafting, c’est une gang de personnes qui embarquent dans un canot et qui partent d’en haut d’une rivière et descendent des rapides juuuuusqu’en bas de la rivière. On s’entend : on DESCEND les rapides, han! On les monte pas! Dans toute l’histoire du rafting, je pense qu’il n’y a jamais personne qui s’est dit : « Nenon. Moi, je vais les MONTER, les rapides. Je vais embarquer dans mon canot d’écorce, pis je vas ramer vers en haut. Moi, j’aime ça travailler fort! Les médailles, ils les donnent aux gens qui travaillent fort! » Les gens ne pensent jamais que ceux qui font du rafting trichent. Personne dit : « Ben là! C’est ben que trop facile, descendre la rivière! N’importe qui peut faire ça. Y sont paresseux! Y trichent! » Et dans la même veine, il n’y a pas personne qui se dit : « Ouin… On part d’en haut de la rivière, pis notre but, c’est de descendre en bas de la rivière. Faque… pourquoi on prendrait pas notre auto pis qu’on se rendrait pas tu-suite en bas de la rivière? Ça serait faite, tsé! » On le sait que le but de cette expédition-là, c’est la descente en canot elle-même.
La voie de la moindre résistance, c’est comme l’eau de ces rapides-là. L’eau, rencontre une roche, elle arrête pas, elle rebrousse pas chemin! Woup! Elle passe à côté pis elle continue. Une autre roche, Woup! Elle passe à côté. Juuuusqu’en bas de la rivière. Jusqu’à la mer… Et elle est persévérante l’eau. Elle est forte aussi. La roche est peut-être dure, mais l’eau la gruge, la roche. Elle l’érode, elle la polit, elle l’use… Et ceux qui pensent : « Oui, mais l’eau qui reste pognée dans les crevasses des roches, han? Cette eau-là est prisonnière! » Nenon! Ce qu’elle va faire, c’est qu’elle va s’évaporer tout simplement. Se retrouver en nuage et pleuvoir quelque part d’autre… Elle va même jusqu’à se métamorphoser!
Souvenez-vous de ça quand vous allez boire de l’eau : l’eau finit toujours par trouver la solution pour réaliser ce qu’elle entreprend.
Les gens qui font du rafting font comme l’eau, ils voient qu’il y a une roche qui s’en vient, woup! Ils passent à côté avec leur canot. Woup d’un côté, woup de l’autre. Juuuusqu’en bas de la rivière. Ils savent que ça donne rien d’essayer de pagayer à contre-courant.
Et comme pour le sable dans l’huître, des fois c’est les irritants dans nos vies, les délais, les contretemps, les refus, les rejets qui font que nos projets deviennent de véritables bijoux. C’est justement à cause des pépins que Le fabuleux destin d’Amélie Poulain est le film qu’il est. Imaginez si Amélie avait été jouée par Emily Watson ou Vanessa Paradis au lieu d’Audrey Tautou… Si la musique avait été composée par Michael Nyman… si Claude Berri avait réalisé le film au lieu de Jean-Pierre Jeunet… Ça aurait été un film complètement différent!
On est chanceux que tous ces artistes aient su attendre, comme le charbon, avant de pouvoir briller. Imaginez si JK Rowling, après s’être fait dire non 1 fois, 2 fois, 3 fois, avait répondu : « Bon, ça va j’ai compris, je vais faire autre chose. »… On vivrait dans un monde sans Harry Potter!…
Ce sont des gens qui ont la persistance et la ténacité d’une mauvaise herbe. Et dans le fond, c’est quoi une mauvaise herbe? C’est une plante extrêmement débrouillarde, robuste, adaptable. Elle peut s’adapter à presque toutes les conditions et à toutes les circonstances. C’est une plante qui fait à sa tête, qui ne pousse pas où on aimerait bien qu’elle pousse, mais qui pousse exactement là où elle veut pousser. C’est une plante qui refuse de prendre son trou. C’est une plante qui n’a pas de complexes. Elle pousse à côté de la rose et elle se dit pas, j’ai pas d’affaire là. Nenon. Elle se dit : « Moi aussi j’ai le droit de prendre ma place au soleil. » Pis elle la prend!!
Et à ceux qui disent que les mauvaises herbes c’est pas utile pis que les gens essayent de s’en débarrasser, je veux juste dire ceci : « Depuis quand? » Avant que Monsanto essaye de nous vendre du Round-up, avant que les clubs de golf dictent les standards de beauté de nos pelouses, est-ce que ça existait, le concept de « mauvaises » herbes? De plus en plus, on est en train de se rendre compte qu’on en a besoin plus qu’on pense, des mauvaises herbes! Que les herbicides font plus que tuer les mauvaises herbes, ils tuent aussi… les abeilles! Alors, si on veut que les abeilles reviennent… D’ailleurs, du miel de trèfle, c’est du miel de mauvaise herbe, ça, non? Et croyez-le ou non, j’ai déjà goûté à du vin de pissenlit ; c’était délicieux!
Alors, donnez-moi la persistance et la ténacité d’une mauvaise herbe n’importe quand! Parce que la mauvaise herbe fait toujours ce qu’elle a à faire, et si on essaye de s’en débarrasser, elle va trouver le moyen, trouver la solution pour revenir et faire sa place où elle le veut…
Et, en passant, dans les bandes dessinées, comment illustre-t-on quelqu’un qui a trouvé une solution à son problème? Avec… une ampoule électrique…
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Note : Ces métaphores ne sont pas toutes de mon cru. En plus de Wikipédia et Google, mines inépuisables de renseignements, je voudrais manifester ma gratitude à Abraham-Hicks, pour la métaphore sur le rafting et André Sauvé, pour la métaphore de l’eau qui fait Woup!