La fois où ma créativité a eu besoin d’un bon pontage…

J’ai été une personne créative toute ma vie…

Enfin, presque toute ma vie!

Enfant, ma soif de créativité s’exprime sous forme de leçons de piano, de murs débordant de dessins, peintures aux doigts ou bricolages divers et, bien sûr, d’innombrables spectacles de danse dans le salon devant mes parents, très patients. Plus tard, au secondaire, ma passion pour le théâtre voit le jour et je fais partie de presque tous les spectacles qui se donnent à l’école. Je poursuis ma passion pour la créativité, en étudiant d’abord la littérature à l’université puis, en 1996, en graduant de l’École nationale de théâtre du Canada. 

Après avoir pris une pause pour voyager, je m’installe finalement en Australie où, ironie du sort, j’allais voir ma créativité et ma passion réduites à néant. 

À 30 ans, j’ai fait un infarctus, mais pas un vrai de vrai infarctus; moi, c’est le cœur de ma passion qui s’est fracturé…

Quand une personne meurt d’une crise cardiaque, les gens de son entourage sont souvent surpris : « On s’attendait tellement pas à ça! Il était en forme, pourtant! L’an passé, il a même couru un demi-marathon! » Sauf qu’à l’autopsie, Monsieur Demi-Marathon s’est révélé avoir les artères aussi bloquées que le boulevard Décarie les fins de semaine. 

Et malgré ça, Monsieur Demi-Marathon l’a pas vu venir, sa crise cardiaque; comme j’ai pas vu venir ma crise créative. Il a pas catché qu’il avait un problème quand il a commencé à être essoufflé en pelletant son entrée; tout comme j’ai pas allumé quand j’ai commencé à ne plus avoir de raison de me lever le matin. 

Monsieur Demi-Marathon a pas reconnu les signes avant-coureurs et moi non plus.

Bloquée, angoissée et incapable de m’exprimer de manière créative comme autrefois, je me suis effondrée, perdue, incapable de trouver la force et la passion qui m’ont un temps habitées. 

Le livre, « Libérez votre créativité » par Julia Cameron et la PNL allaient devenir de puissants alliés à ma guérison créative pour que, progressivement, mon inspiration et ma créativité commencent à revenir vers moi… 

Après un pontage coronarien, on recommande aux gens de changer leurs habitudes de vie pour des pratiques plus saines. La convalescence créative va dans le même sens. Je dois mettre au jour les croyances limitantes que j’ai internalisées face à ma créativité et mon travail d’artiste. Je dois aussi développer une plus grande flexibilité dans ma pratique artistique. Pour moi, ça veut dire me donner plus de permissions et surtout me donner le droit à l’erreur. 

Une chose devient claire à travers ce processus : la créativité est essentielle à ma vie, peu importe sa forme.

Le pontage est réussi. Je suis enfin, de nouveau, une personne créative. Ma créativité a repris sa place au centre de ma vie. Tout comme à l’époque de mon enfance, ma soif de créativité s’exprime sous diverses formes : j’ai mis en scène, écrit et traduit des pièces de théâtre pour plusieurs compagnies de théâtre en Australie, je fais aussi du patchwork et de la courtepointe, j’écris, je cuisine, je fais du bricolage avec ma fille et je rêve d’apprendre à rénover les vieux meubles… oh, et je jure, jure, jure que, cette année, je vais apprendre à utiliser la machine à coudre que m’a mère m’a laissé en héritage!

La fois où ma créativité a eu besoin d’un bon pontage…